Être société à mission, c'est une chose ; vivre sa mission, c'est une autre histoire
- Léo Malet
- 1 févr.
- 5 min de lecture
Devenir une société à mission est une démarche ambitieuse. Elle nécessite une réorganisation de l’entreprise, une évolution de la culture et des valeurs pour que la mission sociale ou environnementale devienne un pilier stratégique de l’entreprise. Cependant, être une société à mission n’est pas suffisant. Vivre sa mission, c’est-à-dire l’incarner dans la pratique quotidienne et la faire rayonner auprès de ses collaborateurs, est une toute autre histoire.

Une fois les statuts modifiés et la mission inscrite dans l'ADN de l’entreprise, le véritable défi commence. Il ne s’agit plus simplement de poser des objectifs sur le papier, mais de les incarner dans les pratiques internes et de les rendre concrets pour les collaborateurs. En effet, pour qu'une société à mission soit réellement effective, il est indispensable que l'engagement social ou environnemental ne se limite pas à un aspect juridique, mais qu'il imprègne profondément la culture d'entreprise. Cette transformation culturelle est essentielle pour que la mission soit vécue au quotidien, par chaque membre de l’équipe.
Les risques d'une mission mal incarnée
L’un des risques majeurs d'une société à mission est de ne pas réussir à incarner la mission au quotidien. Une mission qui reste abstraite ou mal comprise par les collaborateurs peut entraîner un désalignement entre les valeurs affichées et la réalité des actions. Lorsque la mission n'est pas vécue concrètement, elle devient rapidement un simple outil marketing ou une méthode de communication sans réel impact.
Lorsque l’entreprise fait une différence entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, cela crée une dissonance cognitive chez les employés. Ceux-ci peuvent se sentir frustrés et démotivés, car ils constatent que la mission annoncée ne se traduit pas dans les pratiques quotidiennes. Une autre conséquence de cette déconnexion peut être le désengagement des collaborateurs, qui ne voient pas l’intérêt de s’impliquer pleinement dans une mission qu’ils perçoivent comme une façade.
Les bonnes pratiques pour faire vivre sa mission au quotidien
Pour que la mission d'une société à mission prenne réellement vie et inspire les collaborateurs, certaines bonnes pratiques sont essentielles. Ces pratiques permettent de garantir que la mission ne soit pas un simple slogan, mais qu’elle devienne un véritable moteur d'action au sein de l'entreprise.
Impliquer les employés dès le début
L’un des leviers les plus efficaces pour faire vivre une mission est de faire participer les employés dès sa définition. Leur impliquer activement dans l’élaboration de la mission ou dans la redéfinition des valeurs de l'entreprise leur permettra de se sentir véritablement co-responsables du projet. Cette démarche d’inclusivité fait toute la différence : elle crée un engagement sincère et une adhésion plus forte.
De plus, pour que la mission reste pertinente et vivante, elle doit évoluer avec les attentes des équipes et des parties prenantes. Mettre en place des ateliers participatifs, des sondages internes ou des discussions ouvertes permet de faire en sorte que la mission soit partagée et co-construite à tous les niveaux de l'entreprise. Cela garantit une profonde appropriation de la mission par les collaborateurs et un véritable alignement avec les valeurs de l’entreprise.
Une communication régulière et visible sur la mission
Il est essentiel que la mission ne soit pas simplement un document que l’on ressort lors d’une formalité, mais qu’elle soit au cœur des discussions au quotidien. La communication autour de la mission doit être régulière, visible et intégrée dans tous les processus de l’entreprise.
Chaque réunion d’équipe, chaque réunion stratégique, chaque session de formation peut débuter par un rappel de la mission et des objectifs à long terme. Il ne s'agit pas seulement d'une question de communication interne, mais d’un véritable ancrage de la mission dans les pratiques quotidiennes. De plus, il est important de partager les avancées concrètes de la mission, en expliquant comment les objectifs sociaux et environnementaux sont intégrés dans les projets et les actions.
Mettre en place des KPI alignés avec la mission
Une autre bonne pratique est de définir des KPI (indicateurs de performance clés) qui mesurent non seulement la performance économique, mais aussi l’impact social et environnemental de l’entreprise. Ces indicateurs permettent aux employés de voir concrètement les résultats de leurs efforts et l'impact de la mission sur leur travail quotidien.
Les KPI doivent être accessibles, mesurables et pertinents, de manière à ce que chaque collaborateur puisse comprendre comment ses actions contribuent à la mission. Par exemple, des indicateurs de réduction de l’empreinte carbone, des initiatives solidaires ou des actions concrètes pour la diversité peuvent être suivis et partagés au sein de l’équipe.
Valoriser et récompenser les initiatives en lien avec la mission
Un autre aspect essentiel pour faire vivre la mission est de reconnaître et récompenser les initiatives des collaborateurs qui vont dans le sens de la mission. Ces initiatives peuvent être aussi bien des propositions concrètes d’amélioration que des actes volontaires qui soutiennent les objectifs sociaux ou environnementaux de l’entreprise.
La mise en place d’un système de récompenses ou de reconnaissance permet non seulement de motiver les équipes, mais aussi de renforcer l’impact de la mission. Les collaborateurs doivent sentir que leur engagement compte et qu’ils peuvent faire une différence, aussi bien dans les résultats de l’entreprise que dans les projets à impact positif.
Les pièges à éviter : pourquoi certaines entreprises échouent à faire ruisseler leur mission ?
Si certaines entreprises réussissent à faire de leur mission un véritable moteur interne, d’autres échouent en raison de plusieurs mauvaises pratiques :
Ne pas aligner les actions et les discours : il est important de ne pas faire de la mission un simple outil de communication. Si la réalité des actions ne correspond pas aux valeurs affichées, cela créera de la frustration.
L'absence de suivi : sans un suivi régulier et une évaluation de l'impact social et environnemental, la mission risque de perdre sa pertinence et de devenir obsolète.
L'isolement de la mission : la mission ne doit pas être une entité séparée des activités quotidiennes. Si elle est vue comme une « action à part », sans véritable intégration dans le fonctionnement global de l'entreprise, elle sera vite oubliée.
Conclusion : Une mission réussie est une mission partagée
Faire vivre la mission d’une société à mission n’est pas une tâche facile, mais elle est essentielle pour en faire une réalité quotidienne. L’implication des employés dès le début, la communication régulière, la mise en place de KPI adaptés et la valorisation des initiatives sont des pratiques clés pour garantir que la mission devienne un moteur réel de transformation interne.
Pour que la mission ne soit pas seulement un label, mais un engagement concret, il est indispensable qu'elle soit vécue, partagée et intégrée par chaque membre de l'équipe. L’entreprise doit incarner sa mission, non seulement à travers ses actions mais aussi dans ses interactions quotidiennes avec ses collaborateurs.
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